Du 28 au 30 Novembre 2018 s’est tenu la deuxième édition du forum à Volta Redonda dans l’état de Rio de Janeiro intitulé “Alimentation, eau et biens communs”. Ce dernier a pris acte de la progression de l’idée de circuits courts au Brésil. En deux ans, le mot est passé dans le langage de partenaires déjà rassemblés à Pinheiral en 2016 et l’utilité d’approches systémiques de l’alimentation était intégrée dans la culture commune. La réflexion s’est centrée sur la dimension politique qui peut être recherchée par l’alimentation de proximité. Le thème de l’eau a été mis en avant comme symbole des interactions entre le système alimentaire et les biens naturels.

La séance inaugurale a été consacrée à un retour sur la distinction entre les chaînes alimentaires internationales et locales. Frédéric Wallet (INRA) a établi les bases conceptuelles. Les autres intervenants ont alors présenté leur analyse des expériences territoriales : Guillaume Février (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement pour Belle-Ile-en-Mer), Moacir Darolt (université fédérale du Parana pour la ville de Curitiba), en lien avec la promotion des fromages locaux dans cet état du Parana par Marystela Bischof (EMATER), José Arimathéa Oliveira (Comité de Bassin) pour les interactions eau / alimentation dans le bassin de la rivière Paraiba du Sud du Brésil. France Drugmant s’est quant à elle attachée à développer une vue nationale sur les projets en cours dans les Parcs Naturels Régionaux de France.

La seconde table ronde a abordé de front la dimension politique de la relocalisation de l’alimentation, à travers la souveraineté alimentaire. Ali Tapsoba (Comité Citoyen pour l’Agro-Écologie) a montré comment ce concept peut servir de boussole pour la transition agro-écologique à l’échelle locale au Burkina Faso. Luiz Camargo (cuisinier de l’institut ATA) et Mariella Uzeda (EMBRAPA agro-écologie) ont décrit l’influence du système et des habitudes alimentaires sur le bien commun qu’est la biodiversité. Hervé Le Gal (association Ingalan) et le Mouvement des Sans-Terre ont pu développer les implications locales de la mise en œuvre de la souveraineté alimentaire, illustrée par l’expérience de Rede Écologica (réseau écologique) dans la banlieue de Rio.

Les voies de la préservation des biens communs a fait l’objet de la troisième table ronde. Elles ont été abordées sous un angle politique par Éric Tiemtoré (président de la Région Centre du Burkina Faso) et par Vincent Jannot (association Terre de Liens) à travers l’exemple du bien commun « terre ». Antonio Gomes (EMBRAPA) a élargi la discussion au système de transformation des aliments dont les impacts environnementaux peuvent être améliorés. Le cas de Rio a été abordé sous l’angle de l’initiative citoyenne par Marian Portilho (association ASPTA), avec la campagne « produtos da gente » (nos produits à nous) et sous l’angle plus institutionnel du projet Rio Rural, financé par la Banque Mondiale, organisé sur des territoires pilotes.

Des « rondes de conversation » (« rodas de conversa) ont été organisées en petits groupes sur les biens communs en relation avec le système alimentaire :

  •  les ressources hydriques
  • la terre et les sols
  • la biodiversité
  • les cultures alimentaires
  • la démocratie et la justice alimentaires
  • la rédaction des gaspillages

Deux groupes de travail se sont consacrés à l’état des lieux du système alimentaire local autour de Volta Redonda et à la préparation du forum suivant au Burkina Faso.

Ce forum a marqué la progression d’une culture systémique commune qui relie les faits alimentaires et leur environnement naturel et humain. L’abondance de motions et le communiqué final soulignent la dimension politique et revêt la relocalisation des systèmes alimentaires et son caractère fondateur pour une approche écologique plus large.